Bien que ses origines réelles demeurent mystérieuses, le jeu de Go a été popularisé 3000 ans avant notre ère par Yao, empereur mythique de l’antiquité chinoise. Les récits historiques racontent qu’il a imaginé ce jeu comme une méthode éducative pour améliorer le caractère fougueux de son fils. Au fur et à mesure des siècles, le plus ancien jeu de stratégie au monde va s’enrichir et se diffuser dans le monde entier.
Un jeu réservé à l’aristocratie chinoise
À cette époque, le Go enseigné au même titre que la calligraphie, la peinture ou encore la maîtrise d’un instrument à cordes est réservé à l’aristocratie et la cour impériale chinoise.
Sous la dynastie Tang (618-907) ce jeu de stratégie aux règles simples et subtiles prend la forme qu’on lui connaît. Dans le but de former un territoire le plus vaste possible, les joueurs disposent d’une grille de 19 lignes horizontales et 19 lignes verticales dont les intersections forment 361 points sur lesquels ils doivent à tour de rôle placer leurs jetons.
Ces jetons appelés pierres rappellent les traditions taoïstes de la Chine dont le jeu est la déclinaison récréative. Comme le yin et le yang, deux formes complémentaires employées dans l’analyse des mécanismes de la vie et de l’univers, les pierres noires et blanches s’entourent mutuellement.
Le japon, deuxième patrie du jeu de Go
Grâce aux moines bouddhistes grands amateurs de Go, le jeu est introduit en Corée puis au Japon. Toujours réservé à l’élite sociale, il est enseigné au même titre que la voix du sabre ou la cérémonie du thé.
Au 16e siècle, le shôgun Tokugawa installé dans l’ancienne Edo qui deviendra Kyoto, crée un bureau gouvernemental dirigé par le meilleur joueur de l’époque, un moine bouddhiste dont la mission est de promouvoir et d’organiser joutes et démonstrations.
Le succès est retentissant et grâce au ministre du Go, les écoles s’affrontent en tournois y compris devant l’empereur. Sur une petite grille de 19 centimètres sur 19 centimètres, les joueurs se livrent à un combat autant politique que psychologique ; les samouraïs l’emportent même sur le champ de bataille pour étudier l’issue d’un combat.
À l’instar du judo, l’académie instaure des degrés aux joueurs professionnels jusqu’en 1868, date à laquelle le shogunat de Tokugawa prend fin et avec lui l’âge d’or du Go. Le Japon qui entre alors dans l’ère industrielle ne se reconnaît plus dans les principes de ce jeu guerrier.
Il faudra attendre le début des années 20 pour qu’une fédération émerge à Tokyo et mette en place des règlements précis. Le Go se modernise, se démocratise, fédère des mécènes et devient très populaire au Japon.
À la conquête du reste du monde
Vers la fin du 19e siècle un ingénieur chimiste allemand qui vient de passer plusieurs années au Japon fait publier dans la presse des articles sur le jeu découvert lors de son séjour au pays du Soleil-Levant.
Sous son impulsion, des clubs s’ouvrent sur le territoire, d’abord à Leipzig, puis Vienne et Berlin où ce jeu de stratégie simple en apparence prend racine. La première partie de Go en tournoi se tient à Munich en août 1924.
En Chine, le jeu de Go abandonné depuis longtemps renait de ses cendres après la Révolution culturelle et culmine au plus haut niveau depuis les années 80. En France l’intérêt pour le jeu s’explique par la présence des diasporas chinoises et coréennes.
De nos jours 40 millions d’individus dont un million d’européens jouent en club ou en ligne. Dernièrement AlphaGo une intelligence artificielle a battu un des meilleurs joueurs au monde.
Voilà de quoi relancer l’intérêt pour ce jeu séculaire pour encore des siècles et des siècles.